Avant de basculer sur le guichet unique, je vous conseille de réaliser quelques projections afin de déterminer, chiffres à l’appui, si votre trésorerie peut supporter la collecte et le versement régulier de la TVA via l’IOSS. Voici, en détails, les étapes pratiques qui peuvent vous guider :
Analyser sa structure de coûts
Pour commencer, listez vos coûts actuels liés aux importations de marchandises : coûts de transport, droits de douane éventuels, frais de traitement douanier, mais aussi temps de gestion ou facturation d’intermédiaires. Même si l’IOSS se concentre sur la TVA, ces autres postes budgétaires peuvent influer sur la manière dont vous gérez votre cash. Par exemple, si vous payez des droits de douane à la livraison, cela s’ajoute au montant de TVA à avancer, surtout si vous avez un volume de commandes important.
En parallèle, prenez en compte vos marges. Combien vous reste-t-il réellement pour couvrir vos dépenses courantes après avoir soldé le coût unitaire de chaque produit et ses charges directes ? En calculant votre marge nette sur chaque vente, vous identifierez la portion disponible pour faire face à l’obligation fiscale liée à la TVA.
Évaluer le volume d’importations sous IOSS
Ensuite, déterminez précisément quelles ventes entreront dans le champ de l’IOSS. Vous pourriez vendre à la fois des articles de faible valeur et des articles nettement plus chers (au-delà de 150 euros). Les seconds échappent au cadre IOSS et pourraient maintenir un mode d’importation classique. Faites donc un inventaire clair et précis des produits concernés. Le pourcentage de vos ventes totales réellement éligibles à l’IOSS vous aidera à estimer le volume de TVA que vous devrez collecter puis restituer. Pour éviter toute confusion, n’hésitez pas à bien segmenter votre catalogue et à tenir un registre des ventes quotidiennes, voire hebdomadaires.
Calculer la TVA moyenne et l’échéancier de déclaration
Le taux de TVA dépendra du pays de consommation finale. Si vous vendez dans plusieurs États membres, vous aurez possiblement un “panier” de taux différents, allant de 17 % à 25 % (parfois plus, selon les spécificités locales). Vous pouvez estimer un taux de TVA moyen pondéré en tenant compte du nombre de ventes par pays. Par exemple, si 50 % de vos commandes sont expédiées en France (20 % de TVA), 30 % en Allemagne (19 %) et 20 % en Suède (25 %), alors le taux moyen sera calculé ainsi :
(50 % x 20 %) + (30 % x 19 %) + (20 % x 25 %) = 10 % + 5,7 % + 5 % = environ 20,7 %
Ce taux moyen vous donne un ordre d’idée de la charge de TVA par rapport à votre chiffre d’affaires. Ensuite, informez-vous sur la fréquence des déclarations IOSS dans votre pays d’immatriculation (mensuelle, trimestrielle). Calculez le délai moyen entre la perception de la TVA et la date de reversement. Plus ce délai est court, plus vous devrez prévoir suffisamment de trésorerie pour faire face à ce décaissement.
Tenir compte des retards de paiement et des remboursements
Même si vous imposez un règlement immédiat en ligne, il peut arriver que diverses modalités de paiement incluent des décalages (par exemple des délais de validation bancaire, des incidents, des paiements échelonnés, etc.). De plus, vos clients peuvent exercer leur droit de rétractation. Or, s’ils vous renvoient la marchandise et exigent un remboursement, vous devrez prendre en compte les ajustements de TVA correspondants. Imaginez un pourcentage moyen de retours sur vos produits (5 %, 10 %, etc.), et intégrez ces coûts/recettes inverses dans votre prévision. Le risque, en IOSS, est de payer la TVA pour des ventes qui seront finalement annulées. Il faudra ensuite gérer les demandes de remboursement auprès du guichet unique, ce qui n’est pas forcément immédiat.
Une fois que vous avez estimé le volume de ventes éligibles, le taux de TVA moyen, la fréquence de reversement et les retours de marchandises, vous disposez des bases nécessaires pour réaliser une projection réaliste des sommes à mobiliser périodiquement. Par exemple, si vous collectez 15 000 euros de TVA par mois via l’IOSS, mais que vous devez en reverser 12 000 euros dans le même mois tout en couvrant 3 000 euros de retours remboursés le mois suivant, votre trésorerie peut varier significativement. Une attention constante à la facturation, aux retours et à la communication avec l’administration fiscale s’impose pour prévenir tout décalage néfaste.