Lorsque l’on transfère le siège social, deux grandes stratégies se dégagent au sujet du numéro de TVA : le transfert du numéro existant ou la recréation d’un nouveau numéro. Les deux approches présentent des avantages et des inconvénients. Le choix dépend du type de structure, du volume des échanges, de la stratégie de développement, mais aussi des règles applicables dans chaque État concerné.
Transférer le numéro de TVA vers le pays d’accueil
Dans quelques situations, il est envisageable de demander à l’administration fiscale du nouveau pays de rediriger tout simplement le numéro de TVA de l’ancien pays vers le nouveau. Cette modalités n’est pas toujours simple à mettre en œuvre, car chaque pays possède sa propre réglementation et ses propres conditions d’acceptation. Bien que l’Union européenne ait harmonisé de nombreuses règles, la pratique demeure hétérogène.
En théorie, si le pays d’accueil autorise le « portage » du numéro, votre entreprise bénéficierait d’une continuité de ses opérations. Cela signifie :
- Maintien des informations d’identification dans la base de données VIES, avec un simple changement d’adresse et d’État de rattachement.
- Pas de nécessité de redéclarer tous les contrats et factures déjà émis, si l’administration fiscale reconnaît la continuité juridique de l’entité.
Cependant, ce scénario reste relativement rare, car nombre d’États membres préfèrent octroyer un nouveau numéro local, surtout si le transfert de siège social entraîne une dissolution fiscale dans le pays d’origine. Dans la pratique, lorsqu’une société transfère son siège de France vers l’Espagne, par exemple, l’administration fiscale française clôt son numéro de TVA, jugeant que la société ne relève plus de sa compétence. Ensuite, la société doit demander un numéro de TVA à l’administration espagnole, avec un préfixe « ES », et ce nouveau numéro de TVA sera reporté dans VIES.
Créer un nouveau numéro de TVA dans le pays d’accueil
Le plus souvent, on constate que la société obtient un nouveau numéro dans son pays d’accueil. Cette procédure implique de cesser son activité au sens fiscal dans le pays d’origine, ce qui suppose :
Un bilan de TVA final : l’entreprise va procéder à une dernière déclaration, peut-être à solder des montants dus et justifier de ses stocks ou immobilisations restants. Chaque État membre a sa propre sensibilité sur ces sujets. Par exemple, la France demandera de régulariser toutes les déclarations passées, y compris la cédule de TVA, vérifier les éventuelles demandes de remboursement en cours, etc. Une fois ce point final établi, le numéro de TVA français est radié.
Une nouvelle demande d’immatriculation TVA : dans le pays d’accueil, il convient de s’enregistrer dans les registres locaux, fournir les statuts actualisés, prouver l’activité sur le territoire et demander un numéro de TVA intracommunautaire. Généralement, cette étape n’est pas compliquée quand le pays cible est également dans l’UE, car l’entreprise bénéficie d’un droit d’établissement. Toutefois, il faut respecter la procédure administrative spécifique à chaque État. En moyenne, l’obtention d’un nouveau numéro peut prendre de quelques jours à plusieurs semaines.
Cette solution présente plusieurs avantages, dont celui de la clarté. Avec un nouveau numéro, les facturations futures portent un identifiant localement reconnu. D’un point de vue comptable, cela permet de distinguer nettement la « phase d’activité dans le pays d’origine » de la « phase d’activité dans le pays d’accueil ». En revanche, l’entreprise perd la continuité de son numéro, ce qui requiert des ajustements dans l’ensemble de ses documents commerciaux et la mise à jour de ses partenaires. De plus, toute la traçabilité fiscale sur les transactions antérieures reste liée à l’ancien numéro, alors que les futures opérations dépendront totalement du nouveau grand livre local.