Dans ce type de procédure, la communication avec les deux administrations fiscales est capitale. Il est conseillé de prendre les devants en informant clairement chaque autorité de la façon dont vous gérez vos flux de trésorerie, vos achats, vos ventes et vos stocks. Fournissez un organigramme simple de votre groupe de sociétés (le cas échéant), identifiez les filiales ou succursales présentes dans chacun des deux États membres, précisez l’emplacement physique des biens (entrepôts, centres de distribution) et le rôle de vos sous-traitants.
Cet effort de transparence est souvent bien perçu. Il témoigne de votre volonté de coopérer et de ne pas masquer d’informations. Vous pouvez, si vous le jugez opportun, proposer de mettre à disposition un interlocuteur unique (votre responsable administratif ou votre directeur financier) capable de répondre aux questions pour les deux pays. Les inspecteurs apprécient généralement d’avoir un référent central, rompu aux subtilités de la comptabilité intracommunautaire. Cette crucialité du relais interne se démontre encore plus dans les structures complexes, qui multiplient les échanges entre plusieurs entités locales.
Par ailleurs, n’hésitez pas à documenter l’usage d’outils numériques que vous employez : logiciels de facturation, ERP, bases de données communes, etc. Les administrations chercheront à vérifier l’intégrité de vos process et des exports de données que vous leur fournissez. Pour illustrer, j’ai déjà accompagné une société qui utilisait un ERP centralisé hébergé sur un serveur cloud, permettant à la filiale établie en Espagne de consulter en temps réel les ventes de la maison-mère basée en France. Cette interconnexion technique a été documentée, rassurant ainsi les contrôleurs sur la fiabilité des chiffres transmis.
Exemple de litige évité grâce à une communication claire
Prenons l’exemple d’une PME spécialisée dans la distribution de pièces détachées automobiles. Elle reçoit une notification de contrôle simultané en Italie et en Allemagne, car elle vend depuis son entrepôt allemand à des clients italiens, mais facture directement depuis son siège en France. La PME, en collaboration avec son expert-comptable, présentation à chaque Administration un tableau de correspondance où figurent :
• Les factures émises par la France pour les clients italiens ;
• Les transferts de marchandises depuis l’entrepôt allemand ;
• Les déclarations de TVA italiennes relatives aux ventes faites aux consommateurs ;
• Les justificatifs de transport pour prouver la sortie réelle des marchandises.
Grâce à cette transparence et à une bonne synchronisation, la PME a pu démontrer qu’il n’y avait pas de double prise en compte ou d’irrégularité. Les agents italiens et allemands ont rapidement constaté la concordance parfaite entre les documents transmis par la société. Résultat : le contrôle s’est achevé sans redressement majeur, et la PME a même pu profiter d’un conseil éclairé des agents pour améliorer légèrement la présentation de ses données comptables.